Expérience d'organisation humaine simple et oranique

Moi j'ai vu un beau projet où il n'y avait jamais de réunions. Ça fonctionnait par initiatives spontanées, consultations informelles, et actions. Celui qui voulait modifier ou réparer un véhicule, par exemple, se trouvait des helpers pour l'aider, il avait son plan en tête et personne n'allait l'obstiner sur des détails ou demander des droits de véto et ce genre de choses. Les gens prenaient des responsabilités, comme par exemple, j'ai été "responsable" du jardin pendant un moment, mais responsable dans le sens de "répondant", répondre de ce qui se passe. Voir à ce que les choses se fassent. Je n'avais pas d'autorité spéciale sur le jardin, pas plus que toute autre personne, et si quelqu'un avait une initiative, il la faisait. Je finissais par être consulté, parce que j'étais souvent présent sur place et que j'en parlais souvent. Si jamais j'étais parti une semaine sans passer le flambeau ni donné de nouvelles, je n'avais pas mon mot à dire à mon retour. Chacun prenait bien les commentaires, suggestions et les bonnes critiques, et si quelqu'un voulait, par exemple, de la terre certifiée bio, il devait faire les démarches lui-même ou être "répondant" de cela, et fournir un résultat, sinon, on attendait pas pour ça et l'action continuait. Ça bougeait beaucoup et on attirait beaucoup de volontaires. Au lieu de chercher activement le consensus, comme si la situation par défaut était le désaccord, on fonctionnait plutôt avec l'adage «qui ne dit rien consent». Il y avait une culture du travail et de la bonne entente, et si on avait une meilleure idée, mieux valait la réaliser soi-même plutôt que de critiquer et dénigrer l'implication d'un autre. À la rigueur on pouvait essayer de convaincre la personne la plus impliquée dans le volet qui nous intéressait, et si nos arguments étaient bons, ça allait beaucoup mieux que de passer par une grande assemblée interminable où chacun veut dire son mot. Il y avait presque tous les jours au moins une "corvée générale" où presque tout le monde s'impliquait ensemble pour profiter du plus grand nombre. Personnellement, j'ai été très impressionné par la structure spontanée et informelle du projet. Avec le recul, je pense qu'on pourrait appeler cela une forme d' "implicatio-cratie", le pouvoir par l'implication. Il est à noter que ça fonctionnait très bien dans le cadre d'un projet de travail volontaire logé-nourri, avec construction, production et transformation alimentaire, développement d'activités culturelles, etc. Mais ça ne fonctionnerait pas nécessairement pour gérer un espace de vie avec des familles, des gens moins favorisés, ou des employés à salaires etc.